Chris de la Bottière aime pousser son matériel dans ses derniers retranchements. Son plaisir? Tester la limite du dispositif photographique afin de pouvoir en exploiter, ensuite, le plein potentiel. Aujourd’hui, c’est le tout nouveau M11 qui passe entre ses mains expertes.

Arrivé devant l’imposante serre du Jardin botanique de Genève, Chris déchante. Impossible de pénétrer dans l’édifice pour cause de COVID. Un malheur n’arrivant jamais seul, il pleut abondamment. Il en faudrait toutefois plus pour déstabiliser le photographe, responsable de la Leica Akademie Suisse romande. Ni une, ni deux, le voilà qui déploie et installe son trépied face au verre légèrement ondulé de l’ancestrale bâtisse.

« Pour évaluer la qualité du nouveau boîtier, j’ai choisi de lui adjoindre un objectif superlatif, l’APO-Summicron-M 35 f/2 ASPH. Une optique qui, outre son incroyable qualité, présente l’avantage d’avoir une distance de mise au point minimale extrêmement faible: 30 cm seulement. » Au niveau des réglages, là aussi, Chris opte pour des valeurs favorisant l’excellence du rendu final: sensibilité de 64 ISO – la valeur native de ce boîtier – et une ouverture de f/8.

Bien calé sur son trépied, le M11 est allumé; la séance peut alors commencer. Les subtils camaïeux de vert, de jaune, d’orange et de rouge déploient tout leur faste végétal. La surface irrégulière du verre à l’ancienne génère des effets de lumière conférant à la scène un charme supplémentaire et, parfois, une dimension presque abstraite aux images. La nature, bien au chaud et à l’abri dans son écrin de verre et d’acier, étale sa luxuriante beauté.

Une beauté naturelle retranscrite grâce à une technologie de pointe. Le capteur, riche de 60 millions de pixels, reproduit le moindre détail, habilement servi par le nouveau processeur Maestro III. Chaque nuance, elle aussi, se retrouve sur l’image finale, sans être altérée. Une performance optique permise par le double verre – installé sur le capteur lui-même – filtrant les UV et les infrarouges, réduisant sensiblement le risque de flair notamment.

« La qualité photographique de cet appareil s’avère époustouflante, et ce sur l’ensemble du champ. Les bords de l’image ne faiblissent pas, et la plage dynamique importante – 14 stops au total – permet de restituer toute la richesse d’une scène même très contrastée. » Une qualité d’image exceptionnelle qui, bien sûr, nécessite des optiques de qualité et génère des fichiers de taille imposante. « C’est le prix à payer. »

Un obstacle qui peut cependant être contourné par une possibilité inédite offerte par le M11. Grâce au binning, procédé qui permet la « mise en récipient » de pixels, et à un algorithme spécialement développé par Leica, la résolution du capteur peut être réduite à 36 ou 18 millions de pixels, sans diminuer pour autant la taille de la surface sensible. Le poids des images diminue, bien sûr, alors que la plage dynamique augmente d’un stop, passant à 15. La montée en sensibilité s’en trouve ainsi favorisée, de même que la photographie en basse lumière.

« Avec ce développement technique, le Leica M reste un boîtier très polyvalent. Cet appareil apprécié depuis toujours pour le reportage demeure excellent sur le terrain, même à basse vitesse. Et lorsque les conditions s’avèrent propices, le choix d’utiliser la résolution maximale permet une qualité d’image inégalée. Ce nouveau M représente ainsi le meilleur d’hier et d’aujourd’hui. » Le meilleur de deux mondes.